La relation client n’est pas une démocratie.

Si l’idée que le client est roi est un copyright planétaire, sa pratique est quant à elle mise à mal depuis… Toujours oui, car, sinon, entendrions-nous râler ? Or, la Gaule résistait encore et toujours à l’envahisseur romain que l’on reportait déjà des abus manifestes.

Pourtant, l’image d’Epinal d’un commerce de proximité chaleureux et de bonne qualité, si convivial qu’une chaise ou deux pouvaient y être posées, amène encore chez les anciens ce regard nostalgique « du bon vieux temps où c’était du bon, du solide et du gentil »

Chez les anciens seulement car les jeunes entendent cela comme la vie sans téléphone portable, la guerre froide et les routes nationales, une étrangeté qui a existé certes mais dont on se demande bien si les choses ne sont pas exagérées.

Parce que ce qu’ils vivent aujourd’hui,  c’est à peu près l’inverse.

Du Client Roi, il a bien fallu céder à la Marque Totalitaire.

Ces marques, ces groupes ou distributeurs si gros, si grands, que le Monsieur devant sa boutique, derrière sa caisse ou dans sa camionnette frigo est devenu un congloméra d’actionnaires posant aux sommets des tours, opposant aux chaises offertes pour les conversations, des adresses inconnues et des vigiles autours et semblent vivre d’impunité et de mers chaudes.

Ces marques et leurs leaders, qui agissent parfois comme s’ils avaient cessé d’être des commerçants, peuvent-ils concevoir la relation client autrement que « si, si c’est bon pour vous, vous verrez » ?

Alors, nous laisserons à d’autres le soin de jauger qui, de la Monarchie Absolue ou de la Dictature, est le moins plaisant pour nous consacrer à la question : Oui, mais qu’est-il en train d’arriver, là, maintenant ?

Parce que nous le sentons bien non ? Cette brise, qui n’a jamais aussi bien porté son nom, casse, effrite la position effrontée des marques. Ces discours, ces plaintes, étouffés jadis par les murs du salon-salle à manger-cuisine, n’atteignant que les oreilles de grand-mère et du collègue de bureau, portent aujourd’hui jusqu’à la frontière des langues.

Parce qu’internet a pondu 2.0 et que cet œuf a vu naître des centaines de milliers de commentaires d’internautes par mois, le message le plus visible n’est plus systématiquement le plus joli. La pub tache d’atteindre le plus grand nombre. L’avis touche celui qui est à sa recherche. Les marketeurs ne le contrediront pas, le désir gagne !

Avec la réalité virale, l’avis consommateur est une boule de neige posée au sommet de la montagne blanche. S’il commence à rouler….

Et qui tenterait d’ignorer des millions de boules de neige posées au sommet de sa montagne ?

Mince, le client est roi alors ?

A nouveau ?