Les réseaux sociaux, les marchands et les passants.

Pour un test in vivo des internautes sont plongés à l’intérieur de leur mobile, tablette ou ordi et transmutés dans un monde de réseaux sociaux matérialisés.

Une ville immédiate, entière, réelle, avec ses quartiers d’affaires et culturels, ses centres commerciaux et ses faubourgs.

Bien vivante cette ville, dès les premiers instants.

Beaucoup de passant dans les rues, une ambiance bon enfant, des amis en ballade, même pendant les heures de bureaux, des connaissances au travail, même pendant les heures de pauses, des info accessibles en continue à qui veut les entendre, des musées à tous les coins de rues, des discussions sur tous les sujets, des avis sur toutes les discussions.

En rez de jardin, aux abords des rues, sur les places et les terrasses, des vitrines de boutiques à perte de vue. Des milliers et des milliers de boutiques. Des couleurs et des senteurs, des lumières et des notes, la beauté qui confine à l’art partout ou porte le regard.

Les passants, légers, le sourire aux coins des yeux, s’en vont seuls ou par petits groupes, traversent la rue et s’engouffrent dans les boutiques.

Les vitrines sont si belles, bien sûr que l’on veut en voir d’avantage, bien sûr que l’on veut vivre la promesse.

Ding dong font les portes quand on les ouvre, c’est sympathique, on est annoncé au carillon.

Un peu déçu parfois, on découvre que l’intérieur est identique à la devanture, comme une répétition. Mais pas pour tous, ici par exemple, la porte à peine poussée ouvre sur des tableaux à tous les étages.

D’accord, vous avez gagné ! C’est magnifique, on est séduit, on n’y croyait plus, on achète, on recommande, on aime on vous dit,

–          On adooooore !

Juste une question ou deux et on lâche les fauves, quelques conseils pour mes enfants, une recommandation pour ma peau, une heure pour ma livraison et je me fais plaisir. L’argent ça sert à cela non ?

–          Alors d’accord ? Hein ?

–          …

–          Bonjour, il y a quelqu’un ?

–          …

–          OUH OUH IL Y A QUELQU’UN ?

–          … …

Dans toutes les rues, dans chaque quartier, pour les affaires ou le loisir, les mêmes absences de réponses ou presque.

Les vitrines sont décorées mais les marchands sont absents.

Ah bah non alors. Ce joli monde est une coquille vide. Des haut-parleurs et des pub gracieuses mais pas de présence.

Nous,  ce que l’on aime, oui encore, c’est un petit peu de conversation. Ce que l’on aime par-dessus-tout, c’est qu’on nous aime.

Et on est prêt à vous entendre nous le dire.

Alors, Messieurs et Mesdames les marchands, vous êtes là ? Sur les réseaux sociaux, derrière vos vitrines et vos annonces ?

Me direz-vous que c’est moi la plus belle ? Que c’est moi le plus fort ?